Tour d’horizon des principales applications communautaires françaises
On compte aujourd’hui plus d’une centaine d’applications autour du vin, mais beaucoup peinent à décoller ou sombrent dans l’anonymat. Pourtant trois plateformes françaises se démarquent réellement par la taille de leur communauté, leur taux d’engagement, et leur capacité à renouveler l’expérience utilisateur :
- Vivino (version francophone, massivement utilisée en France, même si la maison-mère est américaine)
- WineAdvisor (start-up originaire de Lille, créée en 2014)
- Twil (The Wine I Love, lancé en 2014, au positionnement à la fois communautaire et Marketplace)
Vivino, la locomotive franco-mondiale
Vivino reste un incontournable, même si, pour être puriste, la plateforme n’est pas 100% hexagonale : elle est née au Danemark, mais la France demeure son second marché après les États-Unis, loin devant l’Italie ou l’Espagne (source : LSA Conso – étude 2023 sur les applis vin). En 2025, l’app revendique plus de 16 millions d’utilisateurs français inscrits et environ 1 million d’actifs mensuels (la définition d’un utilisateur actif, c’est au moins une interaction, comme une note, un commentaire ou l’ajout d’une bouteille).
- Points forts : immense base d’avis (21 millions de fiches françaises), notation simple, scan intuitif, algorithme de recommandation bien calibré sur le goût français (fruits rouges, sans lourdeur, typicité régionale prise en compte).
- Limites : modération parfois à la traîne, surreprésentation des notes de 4/5 (effet "gentillesse"), intégration e-commerce moins personnalisée que chez certains concurrents.
C’est l’appli des chiffres qui impressionnent, mais pas toujours celle du dialogue : en 2025, le ratio entre avis publiés et vrais échanges reste faible (un peu moins de 7% des utilisateurs seulement prennent la parole ou réagissent à d’autres avis durant un même mois). Reste que pour obtenir une photographie de ce que boivent les Français, difficile de faire plus exhaustif.
WineAdvisor : l’auberge espagnole, version vin hexagonal
Créée à Lille, WineAdvisor s’est offert une deuxième jeunesse en 2022 via une refonte totale et une orientation plus résolument communautaire. Résultat : l’app annonce plus de 2 millions d’utilisateurs inscrits, avec une progression du nombre de publications et commentaires de +37% entre 2023 et 2024 (chiffres internes, relayés par Vitisphère). Une preuve ? En mars 2025, plus de 92 000 contributions (notes, partages d’expérience, photos) sont enregistrées sur un même mois.
- Points forts : modération ACTIVE (chaque note suspecte est passée au crible par une équipe dédiée basée à Lyon), interface 100% française, espace "Tops" qui renouvelle sans cesse les découvertes (par style, prix, occasion – exit le sempiternel top 10 des Bordeaux rouges à +30€).
- Limites : moins de données internationales, accent mis sur les grandes régions historiques au détriment des nouveaux vignobles français (Sud-Ouest, Savoie…).
À la différence de Vivino, l’échange se fait véritablement : chaque fiche de vin peut être augmentée de récit (événement, occasion, souvenir olfactif), ce qui donne à lire une diversité moins formatée. Pour l’instant, c’est le véritable vivier de discussion thématique sur le vin français.
Twil : le social, mais avec une touche de commerce équitable
The Wine I Love (Twil), mixe astucieusement marketplace communautaire et espace collaboratif. Aujourd’hui, la plateforme revendique 650 000 utilisateurs enregistrés en France (source : Le Monde). On y retrouve un fil d’actualité – à la manière d’un réseau social – où chacun peut poster son coffret du mois, son coup de cœur… ou son énervement contre un rapport qualité-prix bancal.
- Points forts : transparence sur la provenance (chaque bouteille peut être reliée au producteur), outils de comparaison, live-tastings entre membres, tarifs souvent compétitifs via la vente directe.
- Limites : faible internationalisation, quelques bugs d’interface sur Android (notés sur le Play Store), et une base de données encore concentrée sur les vins achetables sur la marketplace Twil.
Si la communauté est plus restreinte numériquement que chez les leaders, la qualité d’échange et l’exigence dans la notation sont supérieures à la moyenne : ici, on tergiverse sur les millésimes, on débat autour de la minéralité, on traque le vigneron à suivre en Beaujolais. Ce n’est pas du blabla, c’est du spécifique – et ça monte en puissance.